http://www.usinenouvelle.com/article/michelin-reinvente-son-management-et-brise-ses-chaines.N319325
Chez Michelin, le management sur le mode "Je décide, il exécute" vit ses dernières années. Bibendum veut devenir une entreprise libérée. Reportage dans deux usines pilote, à Blavozy (Haute-Loire) et Hombourg (Allemagne). Ils sont une dizaine à se retrouver dans un bureau vitré au milieu de l’atelier. Ils parlent à tour de rôle, tournant les faces d’un kiosque sur lequel sont affichés des chiffres et des graphiques. Les salariés de l’îlot...
EPI 1 constatent un retard de production. La réunion est courte, son canevas rodé. L’usine Michelin de Blavozy (Haute-Loire) produit des pneus de génie civil. C’est l’un des six sites où est expérimenté depuis l’an passé le management autonome de la performance et du progrès (Mapp), la déclinaison façon Bibendum de l’entreprise libérée promue par Isaac Getz dans son livre "Liberté & Cie". La méthode progresse aussi dans les services support du siège à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), comme à la conception des moules.
Fini donc la relation manager-salarié sur le modèle "Je décide, il exécute". À la place, Michelin promeut la prise d’initiatives, la subsidiarité et la décentralisation. "Les vrais experts sont dans l’atelier", affirme Olivier Duplain, responsable d’ilôt, qui laisse désormais ses équipes gérer. Les volontaires sont devenus des correspondants. À eux de veiller à ce que la qualité et la production soient au rendez-vous. Ils décident même des congés sans autorisation du responsable d’ilôt, le "chef". Ce dernier se considère comme un coach et se consacre à la planification à moyen terme, à la fluidité des relations entre ateliers. Directeur des relations sociales du groupe et promoteur du Mapp, Bertrand Ballarin résume ce qu’il faut changer : "Avant, le même tableau de suivi des horaires, avec le même nombre de colonnes, les mêmes couleurs, était conçu à Clermont-Ferrand et utilisé de Vladivostok à Los Angeles."