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Poèmes

  • Orgueil et préjugés

    Que d’orgueil, que d’ego, que de nombrilisme,
    à étaler ainsi sa prose sur la voie publique.
    J’envie celui, qui sereinement
    verse ses pensées, ses humeurs et ses émotions,
    retiré au fond d’une cave, ou bien loin du monde.
    Il écrit, il dessine, il peint, il sculpte un nouveau visage,
    celui de Narcisse assis à la plage qui ne voudrait regarder
    son reflet dans la vague de l’océan s’échouant à ses pieds.


    Mais il nous faut quand même partager pour exister, donner pour recevoir,
    aimer pour être aimé, parfois haï. Oui, c’est cela la Vie.
    J’ai beau essayer de cultiver l’humilité, de m’abaisser, de me rendre tout petit.
    De ce qui me ronge de l’intérieur, ce qui me dévore, ce qui m’affaiblit,
    je n’arrive en réalité, qu’à le rendre plus fort, plus grand et parfois criant :
    « Ah, Ah, je t’ai bien eu, toi qui croyais dominer, je domine toujours,
    lorsque tu ne veux plus exister, lorsque tu ne veux plus te faire voir, lorsque tu crois m'avoir effacé. »


    Alors, il me faut accepter cet égo surdimensionné, et le rendre adapté à la réalité,
    la mienne, bien sur, mais celle des autres certainement, ne pas empiéter et écouter ;

    Alors j’entendrai d’ici les rires sardoniques de mes ennemis intimes qui auront la parole belle de dire haut et fort: « Mais comment, toi qui veut être humble, oses tu ainsi te montrer ? »
    Je leur dirai qu’un égo effacé ne vaut rien face à celui qui sait le gérer pour construire, bâtir et aider le pauvre, l’affamé et l’abandonné. Que celui qui croit exister en ne disant rien, en ne faisant rien, en n’affirmant rien a plus de défauts qu’à l’aune du Monde.

     
    Car comment bâtir et avancer, chercher et innover s’il n’y a pas de feu sacré ?
    Mais la sagesse est de ne rien attendre de ce qui est donné, ne pas dépendre du regard, sur sa branche perché, du renard toujours avide de vous prendre et de ne rien vous apporter.

     

    Val -  Août 2012

  • Poète d’un jour.

    Donnez moi des vers, des rimes et des poèmes,
    Je ferai, peut être, des strophes débordantes,
    Mais veillerai à ma faconde de troène,
    Qui tente d’être un peu trop présente.

    Voilà, c’est là, c’est trop vite dit,
    Je tape, je touche des lettres éperdument,
    Des mots se forment, s’entrelacent, se lient,

     Qui s’échappent, et sortent de mon inconscient.

    Et comme si je pouvais encore maîtriser
    Les soubresauts, les virgules, et les blancs,
    De ces phrases qui finissent par rimer,
    Et qui cherchent leurs enchaînements.

    Oui j’avoue, je tricote un peu ces verbes,
    Ces mots, ces adjectifs,
    Comme un jeune poète en herbe
    Qui joue avec l’infinitif.

     
    Val - Août 2012

     

  • Le Naufrage du Concordia.

    A l’aube de l’année vient s’échouer un géant.

    En pleine nuit, il s’approche, s’accroche et s’étend.

    Il fait écho à celui d’il y a cent ans ;

    Iceberg de pierre, pourtant n’était pas mouvant ?

     

    Des cris, des pleurs, des heurts des déchirements,

    tu laisseras aussi des morts sur ton flanc.

    Ceux, évadés, jetés, précipitamment,

    devant eux, ont vu la mort certainement.

     

    Drame, colère, horreur et nombreux sentiments,

    ne peuvent, à cette heure, cesser d’être autrement,

    face à la lâcheté du commandement,

    laissant, seuls, se noyer hommes, femmes et enfants.

     

    Il préféra s’enfuir en se préservant.

    Capitaine ? Commandant ? Non, juste mécréant !

    Point de hardiesse, point de héros, point d’élan

    pour rester à bord, le dernier, à l’avant.

     

    Pensons aussi à ceux qui disparaissant,

    laissent aux proches, chagrin et recueillement.

    Il est trop douloureux d’être les vivants

    quand la Mort saisit, par trop injustement,

     

    les amis, les frères, la famille, les parents.

    Maintenant, demain, il faut prendre son temps

    pour prier, revivre, partager justement

    l’Espoir et l’Amour, entre nous, tendrement.

     

    Nantes, janvier 2012

     

  • Le réveil.

    Il fait encore nuit et la lune s’est déjà recouchée.

    Il me faut, de mon lit, doucement m’extirper,
    premier labeur difficile ; ni l’esprit, ni le corps ne sont réveillés,
    et les rêves, encore présents , me poussent à me recoucher.

    Cet effort régulier, reste tous les jours encore compliqué,
    et à force de persévérance, de pugnacité et de volonté,
    je finis par réussir, une jambe, un bras, à me lever.

    Mon corps me porte mais mon esprit est toujours anesthésié.

    Un rayon, une lumière donne au jour également embrumé,

    Le visage souriant de la nature ensoleillé.

    Quel bonheur d’être là et de pouvoir contempler
    chaque minute, chaque seconde de l’aube et de l’humanité.

  • Chemin de Foi.

    Notre chemin spirituel est si tenu, si fragile,

    Qu’une ombre y passerait, passante improbable.

    Nous cherchons et de temps en temps, immobile,
    nous touchons, là, sans comprendre l’irremplaçable.

    Grâce, Amour, Paix… et déjà ils s’enfuient.

    Nous voilà, à nouveau, seuls avec nos vices.

    Un orage passe, la pluie tombe, le sol luit
    d’une lumière nouvelle qui façonne les lys.

     

    Un espoir renait, un regard tendre et simple
    éclairant faiblement notre chemin, mais suffisamment
    pour avancer encore et toujours comme des humbles,
    et l’un derrière l’autre, nous allons vers Dieu doucement.

     

    Lozeron – Août 2012

  • Les amants.

    Ils se rencontrent, et trop vite, ils se racontent
    avec des mots simples et très rapides, ils pensent
    qu’en se disant tout, ils vont se comprendre ;
    mais ils leur manque la vertu de l’Amour : La patience.

    Silence des gestes, caresses effleurées, regards mélangés ;
    prophète pour l’un, poète pour l’autre, ils s’assemblent
    alors et formant une unité si forte et si présente
    que rien ni personne ne pourra plus les séparer.

    Sagesse des sentiments, force des émotions font
    la beauté de leur union. Se reposant l’un sur l’autre,
    ils construisent leur temple, leur gite, leur maison,

    Havre de paix, d’Amour et de Joie pour eux et pour les autres.

     

    Lozeron – Août 2012

     

  • Les moineaux

    Sous la treille, les grappes envahissantes
    tombent pleines et charnues.
    Les moineaux y volent et y dansent
    entre les feuilles semblant décousues,

    picorent les grains et partent repus
    vers le cyprès ondulant sous le vent.

    Comment, vous n’avez pas vu ces petits chenapans ?

    Ces petits drôles aux becs pointus ?

    Ils tressaillent des ailes lorsqu’ils vous voient,

    piaillent ensemble comme si c’était des oies,
    puis se taisent et disparaissent dans le feuillage
    de ce pinceau qui dessine le paysage.

     

     Lozeron – Août 2012

     

  • Un Poème

     Au réveil, parfois, les mots se présentent, innocents
    ne sachant par la suite, comment ils vont s’agencer.

    Mais presque ordonnés, en force, ils sortent puissamment,

    alors patiemment, il faut, sur le papier, les coucher.

     
    De temps en temps, ils arrivent formant harmonieusement

    un joli texte que je décide, alors, de publier.
    Mais il leur arrivent aussi d’attendre là, de prendre le temps,
    de rester silencieux, immobiles et cachés dans le cahier.

     

    D’où viennent-ils et pourquoi souvent, incroyant
    je n’ose prendre le crayon pensant ne pouvoir les assembler,

     

    Mais eux savent aller chercher mon inconscient,
    et trouver les ressorts leur permettant de s’exprimer.

     

     

    Lozeron – Août 2012

     

  • Les Géants

    A vous les géants de pierre
    Qui, allongés les pieds dans l'eau,
    scrutez l'horizon, et d'une paupière
    nous faites signe dans nos bateaux.

    D'une ombre, d'un changement de lumière,
    votre air assombri se transforme en sourire.
    Nous passons au plus près de la terre,
    et, alors, avant de vous quitter, de partir,

    nous découvrons, non pas un îlot de pierre
    mais une oeuvre façonnée et taillée,

    assemblée et sculptée par l'air et la mer,
    Paroxysme grandiose, prière naturelle achevée.

    Seuls au milieu de ces badauds ignorants
    de vos secrets cachés et dissimulés,
    vous savez alors, monstres grandiloquents,
    aux curieux, aux patients, vous révéler.

    Sardaigne -août 2012

     

  • Sans nom

    Porter son fardeau sur la montagne,
    Courir les vallées immortelles,
    Tenter les chemins improbables,
    Verser des larmes éternelles,

    Accoster calmement ses incertitudes,
    Vivre intensément l'instant d'amitié ,
    Bouder vertement les instants trop rudes,
    Sourire calmement à la larme versée,

    Partir instamment dans son imaginaire,
    Billebauder les méandres fantasmagoriques,
    Trouver en son for l'unique vraie lumière,
    Et crier fort et clair un cri inique.

    Val - Août 2012